L’orthorexie deuxième partie (collaboration : Hubert Cormier)

L’orthorexie

Voir la première partie ici

Les orthorexiques suivront à la lettre les recommandations diététiques et les appliqueront au quotidien, ce qui peut s’avérer moins drôle pour l’entourage devant composer avec ce nouveau mode de vie. L’entourage sera confronté également à l’apparition de nouvelles manies qui, à la longue, peuvent devenir envahissantes et peuvent même provoquer l’isolement du sujet atteint d’orthorexie.  Parmi ces manies, la lecture constante d’étiquettes et des tableaux de la valeur nutritive, peser tous les aliments, vérifier les modes de fabrication, s’assurer des qualités organoleptiques des aliments consommés, s’assurer qu’aucun pesticide n’a été utilisé pour la production des légumes et des fruits, calculer les apports en nutriments tels les oméga-3 et la liste pourrait s’allonger encore et encore!

C’est ainsi que la personne devient de moins en moins fonctionnelle dans son quotidien et qu’une rigidité croissante s’installe. Cela peut même provoquer un isolement créé par la situation. Il devient alors difficile de faire toutes les sorties habituelles telles que d’aller manger au restaurant ou bien être reçu chez des amis ou de la famille par crainte de devoir manger ce qui est proposé. Les personnes souffrant d’orthorexie redouteront souvent de manger à l’extérieur, car elles ne connaîtront pas les ingrédients entrant dans la recette, le mode de préparation, la salubrité des aliments, etc. L’idée de ne pas avoir le contrôle sur ce qui est servi poussera les orthorexiques à l’auto-exclusion lors de certaines circonstances, ce qui peut avoir des impacts sur le plan des relations interpersonnelles. Il n’est pas facile de devoir se résigner à se cuisiner un souper seul à la maison alors que tout notre entourage a bien du plaisir autour d’une bonne table.

Quels sont les recours?

Comme l’orthorexie est avant tout un trouble psychologique, il importe de s’entourer des bonnes personnes pour démystifier les causes de l’apparition de la pathologie et ainsi résoudre le problème. Il peut s’avérer utile de consulter un psychologue puisque certaines causes recèlent des problèmes sous-jacents. L’adage « un esprit sain dans un corps sain » n’aura jamais été aussi vrai. Pour les orthorexiques, la perfection n’est pas uniquement physique, mais semble également être d’origine spirituelle. Pour eux, toutes ces restrictions alimentaires et l’art de manger sainement ont des connotations de pureté intérieure. L’aide d’un nutritionniste peut aider à se remettre sur le droit chemin par rapport à l’alimentation et vaincre ses manies par l’abolition de certaines croyances ou mythes qui ont renforcé le sentiment de rigidité. Le traitement peut alors s’échelonner sur des années. Plus il est commencé tôt, plus il sera gage de succès.

Il faut demeurer vigilant et être capable de se poser les bonnes questions. Tout est une question de jugement. Il est possible de pousser sa réflexion sur ses propres comportements en répondant aux dix questions du test de Bratman :

  1. Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire?
  2. Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance?
  3. La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux plus importante que le plaisir de le déguster?
  4. La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée?
  5. Êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même?
  6. Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain?
  7. Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments «sains»?
  8. Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis?
  9. Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime?
  10. Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sain?

En répondant « oui » à quatre ou cinq des questions ci-dessus, vous révélez qu’en ce qui concerne votre alimentation, mieux vaudrait avoir une attitude plus détendue. En répondant oui à toutes les questions, vous montrez que vous êtes complètement obsédé par le fait de manger sainement.

À la lumière de toutes ces réflexions, mieux vaut allier plaisir et saine alimentation dans un mode de vie actif, sans trop de restriction alimentaire, qui amèneraient un sentiment de culpabilité! On se fait plaisir et sur ce, bon appétit!

Par Hubert Cormier nutritionniste

Twitter : Hub_nutrition

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L’orthorexie (collaboration : Hubert Cormier)

Obsession + nourriture saine = orthorexie?

Si on se fie au Guide alimentaire canadien, la référence en matière de saine alimentation au pays, je devrais manger huit portions du groupe des « Produits céréaliers », de huit à dix portions du groupe des « Légumes et fruits », deux portions du groupe « Lait et substituts » et trois portions du groupe « Viande et substituts ». C’est parfois difficile de respecter toutes ces quantités et d’inclure toutes les portions recommandées dans notre alimentation usuelle. Le grand responsable du non-respect de ces recommandations : le 5e groupe, soit les aliments autres! Dans ce groupe, on retrouve les pâtisseries, les croustilles, les confiseries et compagnie! Lorsqu’on mange ces aliments, on vient empiéter sur ce que le Guide propose et l’on finit par ne pas consommer toutes les portions suggérées, car on considère qu’elles sont trop élevées… Or, si je mange une demi-tasse de fraises en guise de dessert (correspondant à 29 calories), j’épargne plus de 200 calories en comparaison avec un beigne achetée du commerce. Il est alors facile de dépasser son besoin énergétique quotidien! Mais, où je veux en venir avec cette introduction, c’est au sentiment que pourrait procurer le non-respect du Guide pour certaines personnes. Il n’y a pas de mal à manger quelques frites de temps à autre. Là où le bât blesse, et je crois que vous le savez, c’est lorsqu’on tombe dans l’excès. Pour quiconque, cette règle s’applique quotidiennement et c’est là que réside toute la notion du plaisir de manger. Toutefois, certains doivent vivre avec un trouble de conduite alimentaire (TCA) qui les force à consommer le nombre exact de portions recommandées par le Guide alimentaire canadien et ne pourront s’endormir que lorsque le compte sera bon. On parle d’un trouble qui prône l’adoption de saines habitudes alimentaires à l’extrême, ce qui vient créer un sentiment obsessif pour la nourriture saine. C’est l’orthorexie.

L’orthorexie, quand manger devient une obsession.

Ce trouble, bien qu’il ne soit pas reconnu comme une pathologie mentale au même titre que l’anorexie et la boulimie, amène la personne à souffrir d’un déséquilibre en lien avec l’alimentation. On ne devient pas orthorexique du jour au lendemain. L’apparition est sournoise et elle profite généralement d’un renforcement au quotidien suite à un sentiment de bien-être ou suite à des résultats significatifs, comme la perte de poids, qui feront en sorte que la personne développera un sentiment de culpabilité à ne pas se conformer à un régime de vie sain. L’orthorexie est souvent présente chez ceux et celles qui présentaient déjà un intérêt normal pour une alimentation saine. Ce n’est que lorsque cet intérêt tourne à l’obsession qu’on peut alors penser à cette pathologie. Lorsque  l’attitude se rigidifie, bien manger peut même devenir malsain et mener à l’adoption de plusieurs comportements envahissants.

Quelles en sont les causes?

Obsession de la nourriture, obsession de saines habitudes de vie, avoir un contrôle sur soi et sur ce que l’on mange, vouloir une bonne santé à tout prix ne sont que quelques-unes des causes qui pourraient expliquer le développement de l’orthorexie. Le désir d’améliorer son état général ou vaincre une maladie chronique par l’adoption de saines habitudes alimentaires sont aussi des points de départ répandus. En effet, l’annonce du diagnostic d’une maladie chronique comme le diabète, peut causer un choc émotionnel intense qui pousserait la personne à croire qu’en modifiant son alimentation, il serait possible d’éradiquer la maladie ou du moins, la contrôler.

À suivre, deuxième partie de ce dossier spécial sur l’orthorexie la semaine prochaine…

Par Hubert Cormier nutritionniste

L’orthorexie deuxième partie

Twitter : Hub_nutrition

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