L’orthorexie (collaboration : Hubert Cormier)

Obsession + nourriture saine = orthorexie?

Si on se fie au Guide alimentaire canadien, la référence en matière de saine alimentation au pays, je devrais manger huit portions du groupe des « Produits céréaliers », de huit à dix portions du groupe des « Légumes et fruits », deux portions du groupe « Lait et substituts » et trois portions du groupe « Viande et substituts ». C’est parfois difficile de respecter toutes ces quantités et d’inclure toutes les portions recommandées dans notre alimentation usuelle. Le grand responsable du non-respect de ces recommandations : le 5e groupe, soit les aliments autres! Dans ce groupe, on retrouve les pâtisseries, les croustilles, les confiseries et compagnie! Lorsqu’on mange ces aliments, on vient empiéter sur ce que le Guide propose et l’on finit par ne pas consommer toutes les portions suggérées, car on considère qu’elles sont trop élevées… Or, si je mange une demi-tasse de fraises en guise de dessert (correspondant à 29 calories), j’épargne plus de 200 calories en comparaison avec un beigne achetée du commerce. Il est alors facile de dépasser son besoin énergétique quotidien! Mais, où je veux en venir avec cette introduction, c’est au sentiment que pourrait procurer le non-respect du Guide pour certaines personnes. Il n’y a pas de mal à manger quelques frites de temps à autre. Là où le bât blesse, et je crois que vous le savez, c’est lorsqu’on tombe dans l’excès. Pour quiconque, cette règle s’applique quotidiennement et c’est là que réside toute la notion du plaisir de manger. Toutefois, certains doivent vivre avec un trouble de conduite alimentaire (TCA) qui les force à consommer le nombre exact de portions recommandées par le Guide alimentaire canadien et ne pourront s’endormir que lorsque le compte sera bon. On parle d’un trouble qui prône l’adoption de saines habitudes alimentaires à l’extrême, ce qui vient créer un sentiment obsessif pour la nourriture saine. C’est l’orthorexie.

L’orthorexie, quand manger devient une obsession.

Ce trouble, bien qu’il ne soit pas reconnu comme une pathologie mentale au même titre que l’anorexie et la boulimie, amène la personne à souffrir d’un déséquilibre en lien avec l’alimentation. On ne devient pas orthorexique du jour au lendemain. L’apparition est sournoise et elle profite généralement d’un renforcement au quotidien suite à un sentiment de bien-être ou suite à des résultats significatifs, comme la perte de poids, qui feront en sorte que la personne développera un sentiment de culpabilité à ne pas se conformer à un régime de vie sain. L’orthorexie est souvent présente chez ceux et celles qui présentaient déjà un intérêt normal pour une alimentation saine. Ce n’est que lorsque cet intérêt tourne à l’obsession qu’on peut alors penser à cette pathologie. Lorsque  l’attitude se rigidifie, bien manger peut même devenir malsain et mener à l’adoption de plusieurs comportements envahissants.

Quelles en sont les causes?

Obsession de la nourriture, obsession de saines habitudes de vie, avoir un contrôle sur soi et sur ce que l’on mange, vouloir une bonne santé à tout prix ne sont que quelques-unes des causes qui pourraient expliquer le développement de l’orthorexie. Le désir d’améliorer son état général ou vaincre une maladie chronique par l’adoption de saines habitudes alimentaires sont aussi des points de départ répandus. En effet, l’annonce du diagnostic d’une maladie chronique comme le diabète, peut causer un choc émotionnel intense qui pousserait la personne à croire qu’en modifiant son alimentation, il serait possible d’éradiquer la maladie ou du moins, la contrôler.

À suivre, deuxième partie de ce dossier spécial sur l’orthorexie la semaine prochaine…

Par Hubert Cormier nutritionniste

L’orthorexie deuxième partie

Twitter : Hub_nutrition

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2 réponses sur « L’orthorexie (collaboration : Hubert Cormier) »

  1. Maryse Lefebvre

    Pour avoir déjà rencontré des orthorexiques (surtout en insuffisance rénale – dialyse)… je dois dire que ce sont des personnages assez intéressants qui croient dur comme fer à ce qu’ils font. Selon moi, les orthorexiques seraient du genre à accorder une importance exagérée à la qualité des aliments choisis plutôt qu’au respect du nombre de portions du guide… Quel est selon toi la cause de l’apparition de ce trouble (relativement nouveau) dans la société? Serais-ce l’abondance d’infos en nutrition? Le Dr. Beliveau? Kampaï? … lol

  2. Hubert Cormier, nutritionniste

    Bonsoir Maryse,

    J’ai l’impression que la personne orthorexique veut être en contrôle dans plusieurs sphères de sa vie, mais elle ne peut qu’y arriver en exerçant le contrôle sur ce qu’elle peut réellement contrôler. La nourriture par exemple…
    Ensuite, le cercle vicieux est lancé et il est très dur de s’en sortir. Vouloir une santé à tout prix peut également mener à ce genre de comportements.

    Je suis d’accord avec toi que la facilité avec laquelle on parvient à obtenir n’importe quelle information sur tous les sujets aujourd’hui n’aide probablement pas… Mais, je prétends qu’il vaut mieux informer les gens plutôt que de les laisser dans l’ignorance, tel est le but de l’éducation en nutrition.

    Et toi, ton point de vue?

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